Retour sur la Conférence Nationale contre la Pauvreté

Les 10 et 11 décembre dernier, le Gouvernement a invité les associations et les syndicats au Conseil Economique, Social et Environnemental pour une Conférence Nationale contre la Pauvreté. Pour certains, cette conférence n'aura eu qu'une utilité : réunir des personnes au chaud et les faire manger, alors qu'elles ne connaissent pas la précarité énergétique. La CGT et d'autres syndicats de salariés n'ont pas été invités aux travaux préparatoires. Ce qui est bien dommage. Vu de l'extérieur, cette conférence ressemble à s'y méprendre aux œuvres de charité que le patronat du XIXe siècle organisait, au lieu de donner un salaire décent à leurs ouvriers.

L'auteur du rapport de la compétitivité, Louis Gallois, y a été présent, en tant que Président de la Fédération Nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale. Pour lui, la recherche de la compétitivité doit s'accompagner de la lutte contre la pauvreté.

Le diagnostic de la France est dramatique : 8,6 millions de Français vivant sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 964 euros par mois, 3,5 millions de mal logés et 800.000 personnes ont recours à l'aide alimentaire.

En France, le seuil de pauvreté utilisé par l'INSEE et Eurostat (les instituts de statistiques économiques de la France et de l'Union Européenne) est un seuil relative, calculé sur 50% (INSEE) et 60% (Eurostat) du salaire médian. Ce seuil de pauvreté ne prends pas en compte les revenus nécessaires à un ménage pour vivre décemment. Le Comité National des Privés d'Emploi et des Précaires CGT diffuse depuis des années le budget de vie (à télécharger en PDF ici). Si vous le remplissez, vous comprendrez qu'un SMIC à 1 700 € bruts n'est pas une utopie. Pour lutter contre la pauvreté, il faut aussi arrêter de plafonner les tarifs sociaux, notamment pour les transports urbains à 80% du SMIC actuel. Certaines agglomérations plafonnent les tarifs sociaux au montant du RSA socle pour une personne seule, soit 417€.

Pour lutter contre la pauvreté, le Premier Ministre, Jean Marc Ayrault, évoque 3 pistes :

• Hausse du RSA de 10% sur 5 ans, soit une hausse de 67 centimes par mois. Il habite sur quelle planète pour affirmer une ânerie.

• Revalorisation du plafond des revenus pour la CMU Complémentaire. Actuellement, le plafond est de 663€ par mois et concernent 4,3 millions de personnes. Avec la revalorisation annoncée, se sont 500 000 qui pourraient la toucher.

• Déblocage de 100 millions d'euros pour le mal logement.

Ces propositions ne sont que des rustines pour des chambres à air qui sont mortes. Pour lutter contre la pauvreté, il faut mettre en œuvre des solutions pour empêcher les fermetures de sites industriels. Au lieu de créer une CMU, il faut accorder une sécurité sociale à 100% à tous les travailleurs. Pour lutter contre le mal logement, il faut construire du logement social.