Retour sur le voyage de Hollande en Algérie

Les 19 et 20 décembre derniers, le Président Hollande s'est rendu en Algérie pour une visite officielle. Cette visite a été vue par les médias, des deux côtés de la Méditerranée, comme historique et s'inscrit comme la suite logique de la normalisation des relations entre l'Hexagone et son ancienne colonie. Normalisation entamée le 26 quand l'Assemblée Nationale a voté le 19 mars comme jour commémorant la fin des combats de la Guerre d'Algérie. Est-ce pour cela que François Hollande a été accompagné d'industriel, comme des représentants de Total, qui souhaite expérimenter le forage de gaz de schiste par fracturation hydraulique, avant de commencer les forage en France ; ainsi que des représentants de Renault et de Sanofi, qui ouvriront, chacun, une usine. Mais cela sera traité dans un prochain article.

Nous avons débuté cet article en disant que les médias français et algériens ont salué cette visite. Bien entendu, on parle de la presse officielle, sur la rive Sud, et les grands médias de masse, sur la rive Nord se sont fait le relais de la pensée unique. L'Humanité et le Canard Enchainé, pour l'ancienne puissance coloniale ; et le site internet Algérie Focus ont combattu le discours officiel.

Pour le quotidien fondé par Jean Jaurès, « La page n'est pas encore tourné ». Même si Hollande a tenu sa promesse de reconnaître le 19 mars, comme l'ont demandée différentes associations d'anciens combattants, dont notamment l'ARAC, il y a toujours énormément des différents, qui restent des non-dits. Même si Hollande « a reconnu les méfaits du colonialisme, l’injustice du système colonial. Il les a nommés », selon la dirigeante du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, il n'a jamais prononcé le mot « crime ». Pour la rue algérienne, le retour des Harkis n'est toujours pas possible, même si leurs enfant ne doivent pas payer pour les choix des parents. Les envoyés spéciaux de l'Huma trouvent que les drapeaux français, dans les rues d'Alger et de Tlemcen, n'ont pas été si nombreux que ça.

L'hebdomadaire satirique, s'attarde lui, plus sur la censure de François Hollande, dans son discours devant le Parlement. Le Président Français n'a pas dit un mot sur les événements en Syrie. Aucun médias n'en a parlé, pourtant tous les journalistes présents ont reçu une copie du discours alourdi d'un passage. Seul le Canard en a parlé. Selon le journaliste, Bouteflika, dans un entretien privé avec son invité, a comparé les insurgés en Syrie, soutenus par Paris, aux Islamistes du Nord-Mali, combattus par la France. Il paraît que le Président Algérien a été assez énervé.

Algérie Focus déclare que l'ancien maire de Tulle s'est conduit comme si l'Algérie était encore un département. Il a annoncé la révision de la Constitution sans que l'ancien député de Tlemcen ne pipe mot.

Du côté des nostalgiques de l'Algérie Française, cette visite a été aussi critiquée. Gerard Longuet trouve que la déclaration du Président Hollande ravive la haine, notamment pour les enfants d'Algériens vivant en France. Pour Marine Le Pen, le discours devant le Parlement Algérien est le socle d'un avenir malsain entre les 2 pays.