Un nominé aux Oscars bloqué à la douane et le retour de l'apartheid

Le 25 février dernier, s'est tenue à Los Angeles la 85e cérémonie des Oscars. Elle a duré 3h. Les spécialistes ont cru que le grand gagnant allait être Amour, le film franco-autrichien de Michael Haneke, avec Jean Louis Trintignant, Isabelle Huppert et Emmanuelle Riva. Cette dernière a été la doyenne de la soirée, et a été nommée dans la même catégorie, meilleure actrice, avec la plus jeune, Quenzhané Wallis. En France, Amour a raflé les Césars du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleure Actrice et Meilleur Scénario. Aux Etats-Unis, il n'a reçu que l'Oscar du Meilleur Film Etranger.

Le fait qu'un film n'obtienne qu'une statuette peut paraître anecdotique, comparé à un drame qui est passé quasiment sous silence.

Bien qu'ils ont été présents, les médias, mis à part L'Humanité, ont tous évité de parler d'un incident, tragique, qui s'est déroulé la semaine précédente la soirée. Emad Burnat, un réalisateur palestinien, a été bloqué par la Douane, à l'aéroport à son débarquement. Les forces de l'ordre lui ont demandé de justifier son séjour en Amérique. Ils n'ont pas dû savoir qu'en Palestine, un Arabe et un Juif peuvent s'unir pour réaliser un documentaire, « 5 caméras brisées » (dont un extrait à voir ici ). Finalement, grâce à l'intervention de Michael Moore, membre de l'Académie des Oscars, Ermad et sa famille, qui apparaît dans le film, ont pu s'asseoir dans le Dolby Theatre. Le réalisateur de Farenheit 9/11 a ironisé sur twitter «  Apparemment, 
les agents de l’immigration et des douanes ne pouvaient comprendre comment un Palestinien pouvait être nominé aux oscars ». Son collègue a déclaré que c'est son quotidien, dans son village de Bil'In, connu de tous les amis de la Palestine comme étant le symbole de la Résistance. Il a comparé son aventure avec son quotidien. Mis à part la couleur de l'uniforme, les check-points se ressemblent et entravent la libre circulation des innocents. Interrogé par L'Huma, il a lui même fait la comparaison. Les 2 réalisateurs de 5 caméras brisés veulent sensibiliser la planète sur le fait qu'il existe des deux côtés des personnes qui ne veulent qu'une chose : VIVRE ENSEMBLE. Cette anecdote est bien la preuve du travail qu'il reste à faire.

L'année prochaine, toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté fêteront les 20 ans de la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Mais le vivre ensemble n'est pas encore à l'ordre de jour en Israël. L'Etat hébreu a inauguré de nouvelles bus, réservées aux Palestiniens disposant d'un titre de travail. Selon le Ministère des Transports, ces bus sont là pour améliorer le quotidien des Palestiniens, en leur évitant de payer 8€ pour les lignes gérées par le privé. Cette nouvelle conforte les Israéliens, qui se plaignent que certains bus sont tellement pleins qu'ils ne maquent pas l'arrêt aux stations. Les colons sont aussi ravis, car la présence de Musulmans leur donne l'impression de ne pas être en sécurité. L'impression d'insécurité n'aboutit qu'à la violence.