Les blessures, encore trop d'actualité, de la Guerre d'Algérie

Suite à la visite du Président Hollande, on peut se poser une question : est-ce que Hollande a traversé la Méditerranée pour refermer les cicatrices de la guerre d'Algérie, ou pour des questions de business ?

Parmi ces blessures qui sont encore ouvertes, il y a les Harkis. Les supplétifs musulmans de l'Armée Française ont été chassés de leur terre natale, après le cessez-le-feu. On peut comprendre les Algériens. A la Libération, en France, nos parents ont réagi exactement pareil. Après une occupation et ses exactions, les traîtres doivent payer. Par contre, les différents gouvernement français successifs auraient du les accueillir comme ils le méritaient. Au lieu de ça, ils ont été abandonnés, quand ils n'ont pas reçu des coups de crosse des fusils quand ils ont voulu s'accrocher aux ridelles des camions. Une fois, arrivés sur le sol de la Mère Patrie, ils ont été parqués, avec leur famille, dans des camps, durant des décennies, dans lesquels les administrateurs, pour la plupart, ont été des anciens officiers de l'Armée, qui leur ont volés les allocations familiales. Rappelez vous le fameux « Colombey-Les-Deux-Mosquées » de De Gaulle, pour justifier son refus d'accueillir les Harkis sur le sol métropolitain.

Il n'y a pas que les supplétifs indigènes enrôlés durant la Guerre d'Algérie, mais aussi les musulmans qui se sont battus pour libérer la France durant la Seconde Guerre Mondiale et ceux, qui pendant 30 ans, ont reconstruit la France. Pour la plupart, ils n'ont pas profité du regroupement familial, et vivent encore aujourd'hui, dans les foyers Adoma (anciennement Sonacotra). Les premiers ont fait la Une de l'actualité en septembre 2006, le jour de la sortie, dans les salles de cinéma, du film d'Indigènes (de Rachid Bouchareb) qui a dénoncé les pensions des vétérans indigènes, qui sont restées gelées depuis l'Indépendance des colonies (outre les Algériens, les Forces Françaises Libres ont enrôlés des Africains, des Marocains, des Tunisiens, des Indochinois). Lors de la sortie de ce film, dont les acteurs (Djamel Debbouze, Sami Boujila, Samy Naceri, Roshdy Zem et Bernard Blancan) ont reçu le Prix d'Interprétation Masculine au Festival de Cannes de 2006, le Gouvernement de Dominique de Villepin, a annoncé que les anciens combattants indigènes de l'ancien Empire Français allaient toucher la même pension que les Métropolitains. Mais Paris n'a jamais dit qu'il payerait les arriérées.

En 2007, le Parlement a voté à l'unanimité un texte qui autorisent les Chibanis (« anciens » en arabe), à rester allocataires de la Sécurité Sociale (Allocations Familiales, Retraites, Aides au Logement, Maladie) même s'ils ont envie de vivre leur retraite dans leur pays d'origine. Par contre, les décrets d'application n'ont jamais été signés. En janvier 2012, le candidat à la présidentielle pour le Parti Radical, Jean Louis Borloo, a demandé que le Premier Ministre d'alors, François Fillon, signe les décrets. En vain. Il faudrait que n'importe quel salarié français, puisse profiter des périodes de chômage et de retraite, où il a envie. Contrairement à ce que le patronat veut nous faire croire, les allocations chômage sont un dû, qu'on doit percevoir sans aucune conditions, vu qu'on a cotisé pour. Un gros contribuable n'est jamais embêté, dès qu'il annonce qu'il ne veut plus payer ses impôts en France. Au nom de l'égalité, un travailleur doit pouvoir faire pareil.

Parmi les blessures de la Guerre d'Algérie, il y a les crimes de guerre de l'Armée Française, qu'il s'agisse des Français Musulmans d'Algérie (comme l'hypocrisie républicaine appelait ces citoyens de seconde zone) ou d'Européens. Parmi ces derniers, il y a Maurice Audin, jeune membre du Parti Communiste Algérien, disparu en 1957, à l'âge de 25 ans, après avoir arrêté par les troupes du Général Aussaresses. Pour les PCA, PCF et associations d'anciens combattants, le camarade Audin est décédé des suites des actes de tortures qu'il a subit. Pour l'Armée, il s'est évadé. En 1966, Josette sa veuve, a porté l'affaire devant les tribunaux. Elle a été déboutée, suite à une loi d'amnistie, votée la même année. Malgré les aveux d'Assauresses, un nouveau non-lieu a été prononcé en 2002. Mais sa famille continue le combat. En juin 2007, Nicolas Sarkozy, a peine élu Président, a reçu une lettre, écrite par Josette, demandant d'éclaircir les conditions de l'arrestation de Maurice. En 2009, leur fille, Michèle, a refusé la Légion d'Honneur à titre posthume décernée à son père. Avant que François Hollande a embarqué dans son avion, Josette lui a demandé également de rendre public les archives. A son arrivée à Alger, Hollande a inauguré une plaque commémorative. L'ancienne place Lyautey, haut lieu des rassemblement des partisans de l'Algérie Française, durant la Guerre, a été baptisée en l'honneur de ce martyr en 1963, mais aucune plaque n'expliquait, jusqu'à maintenant, la raison de son nom. Pour Josette, le discours de Hollande au Parlement Algérie n'est que le « minimum du minimum ».

A l'heure où la Présidence Française doit s'expliquer sur les crimes de la Guerre d'Algérie, l'Armée s'est vu innocentée après avoir étouffé, par un sac en plastique, un Ivoirien. En 2005, durant la mission de la Force Licorne, sensée pacifier la Côte d'Ivoire, victime d'une guerre civile depuis 2002, 4 militaires, sous la responsabilité du Colonel Eric Burgaud, ont étranglé Firmin Mahé, considéré comme brigand des routes, dans le blindé qui l'a transporté. Firmin Mahé n'a jamais eu le droit à un procès, en dépit des lois civiles et militaires.

Alors que la France met un demi siècle à régler les problèmes, le Chili résout les siens en quarante ans. Quand ces lignes ont été rédigées, on a appris que la Justice chilienne a placé en détention 8 ex-soldat pour l'arrestation, la séquestration, la torture et la mort du chanteur Victor Jara, assassiné dans la foulé du putsch soutenu par la CIA.