Hommage à Stéphane Hessel et à Hugo Chavez

Le premier trimestre de l'année 2013 finit mal. Nous ne parlerons des 4 militaires français morts au Mali. Un soldat sait qu'il pourra être tué au combat. Cet article est consacré à deux grands hommes, malheureusement trop souvent décriés et cela à tort.

Le premier hommage que nous voulons rendre, c'est à Stéphane Hessel. Né juif allemand à Berlin en 1917, d'une mère, Hellen Grund, journaliste de mode, et d'un père, Franz, écrivain, il arrive en France à l'âge de 8 ans. A l'âge de 20 ans, il est naturalisé et sort de l'Ecole Normal. 4 ans après, il rentre dans la Résistance. Résistance qu'il ne quittera que le jour de sa mort, 72 ans après. Son parcours durant la guerre est atypique. Il survit à deux camps de concentration nazis : Buchenwald et Dora. La première fois, il substitue les papiers d'un codétenu mort du typhus. La deuxième fois, il  réussit à s'échapper lors de son transfert vers Bergen-Belsen. A la libération, il entre au Quai d'Orsay, comme diplomate. A ce titre, il est chargé de chercher la documentation sur l'aspect social, pour la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Il assiste à la signature de la Déclaration à Paris. Soutien successif de Mendes et de Rocard, il participe à la création de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, (aujourd'hui le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel). Au lendemain de la réélection de Mitterrand, il rédige un rapport sur l'immigration, dont les conclusions ne seront pas suivies par le gouvernement. Rocard, Premier Ministre, le nomme au sein du Haut Conseil à l'Intégration, nouvellement créé. Durant vingt ans, il s'efforce, au sein du Club Jean Moulin, qu'il a fondé avec le secrétaire du Président du Conseil National de la Résistance, Daniel Cordier, de sauvegarder le programme politique du CNR (indépendance de la presse, Sécurité Sociale...). En 2004, il se bat pour une Constitution Européenne Sociale et Humaine. En 2009, il soutient la liste Europe Ecologie Les Verts aux Européennes. Soutien qu'il confirme l'année suivante en s'inscrivant, sur une place non éligible, sur la liste EELV d'Ile de France aux Régionales.  Pour la présidentielle, il soutient d'abord DSK, puis Martine Aubry, et finalement Hollande. Au Congrès de Toulouse, sa motion, Oser plus vite plus loin, recueille près de 12% des suffrages. C'est un fervent participant des Droits de l'Homme et de la Palestine. Ces positions lui valent d'être décrié par le CRIF. Depuis 2010, il a écrit Indignez-vous ! (premier tirage : 8 000 exemplaires, puis traduits en 34 langues, et vendus à 4 millions d'exemplaire), Engagez-vous ! (entretien avec Gilles Vanderpooten, âgé de 25 ans) Le chemin de l'espérance, Résistances (avec Aung San Suu Kyi), Déclarons la paix ! (entretien avec le Dalaï Lama). En Espagne, en Grèce, en France, aux Etats-Unis,... les militants des mouvements Occupy se font appeler les Indignés, comme le pamphlet de Stéphane Hessel. Un documentaire, réalisé par Tony Gatlif, faisant le parallèle entre le livre et les mouvements a été diffusé dans les salles de cinéma. HK et les Saltimbanks chantent « Indignez-vous ! C'est un vieux monsieur qui vous parle, brandissant son étoile, entendez-vous ? » Keny Arkana demande à son public « Indigné, lève toi ! ». Paradoxe, ce livre a surtout fait le bonheur d'Indigènes, une petite maison d'édition de Montpellier. Dans Déclarons la paix ! l'éternel jeune homme, comme l'appelle Patrick Appel-Muller, demande que le Conseil de Sécurité de l'ONU soit constitué de personnalités honorables, reconnues par leur indépendance des Etats et de la finance. Son dernier combat est la sauvegarde de la Prison Saint Michel, à Toulouse. Cette prison a vu transiter bon nombre des déportés du Sud-Ouest et est menacée de destruction. Devant la prison, il est monté à la tribune, coiffé d'un bonnet phrygien. Stéphane est la preuve qu'on peut naître sur un champ de bataille en 17 et être le meilleur des hommes. N'en déplaise à Goldman. Le meilleur des hommes a qui on peut néanmoins contester son soutien à la politique financière du FMI et son dégoût pour Mélenchon. Lors de son enterrement, de nombreux politiques, de tout bord lui ont rendu hommage. Le meilleur hommage à lui rendre serait de faire appliquer l'Article 23 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et que l'Etat puisse enfin garantir un travail ou, à la limite, un revenu de remplacement digne de la décence humaine. Et non un RSA à 425€ par mois, soumis à des Contrats d'Engagement Réciproque, qui n'ont réciproque que le nom.

L'autre hommage est pour Hugo Chavez. Le Président vénézuélien, qui vient d'être réélu le 7 octobre dernier, a réussi de sortir son pays de la violence. Même s'il reste des régions très dangereuses, mais elles sont tenues par les narcotrafics, soutenus par la CIA. Après 15 ans de pouvoir, voici son bilan qui se passera des commentaires des chiens des médias, qui n'ont qu'un seul souhait, celui que jamais un Chavez ne soit président en France :

• OGM et pêche intensive interdits

• Chômage : passé de 11% à 8%

• Pauvreté extrême : -72%

• Allocations sociales : 15% de la population

• Inégalités sociales et analphabétisme : quasi éradiquées

• Décès pour cause de malnutrition : -50%

• Dette publique : intégralement payée

• Nombre d'élèves dans l'enseignement secondaire : doublé

• Santé : Gratuité totale/ Nombre de médecins quasi doublé/ 33% en moins de mortalité infantile

Certes, tout le système social est financé par le pétrole. Les médias parlent de clientélisme, le voyez-vous dans ce bilan ? Nous pas. Comme le dit Mélenchon, Chavez restera vivant dans nos cœurs et celui des Vénézuéliens. Né en 1954, il intègre l'Armée en 1971. 11 ans après, il fonde le Mouvement Bolivarien 2 000 au sein même de l'Armée. En 1989, il créé le Caracazo, l'insurrection populaire violemment réprimée. En 1992, Chavez prend la tête d'un putsch, écrasé. Il est détenu durant 2 ans, avant d'être gracié. 6 ans, il est élu Président avec 56,2% des voix. L'année d'après, la nouvelle Constitution est approuvée par référendum par 80% des électeurs. 2000, première réélection. 2001, 49 lois économiques, dénoncées par le patronat sont approuvées, dont la nationalisation des hydrocarbures. En 2002, l'équivalent du Président du MEDEF prend la tête d'un territoire autonome. La population prend les armes et réinstalle le pouvoir chaviste. En 2003, un référendum est organisé par l'opposition contre Chavez. En vain. Il confirme le pouvoir de Chavez. Deux ans après, le programme d'alliance avec les Etats-Unis prend fin. L'Alliance Bolivarienne pour les Amérique allie le Venezuela avec Antigua-et-Barbuda, la Bolivie, Cuba, la Dominique, l'Equateur et Saint-Vincent-et-les-Grenadines. La même année Telesur est lancée, chaîne de télévision internationale à l'initiative du Venezuela, de l'Argentine, de l'Uruguay et de Cuba. Les terres sont données aux paysans, par la création de coopératives. 2006 deuxième réélection. Les nationalisations reprennent. 2011 2 opérations à Cuba. 2011 troisième réélection. Décembre : dernière opération. Février : retour au Vénezuela.