Montebourg fait son coming out libéral
Le 5 avril, Arnaud Montebourg a donné un interview au Wall Street Journal, dans laquelle il aurait envisagé de privatiser certaines sociétés, dont l'Etat détient encore une participation (EDF, GDF, SNCF, France Télécom, AEDS, AREVA, Thales, Renault...). Nous utilisons le conditionnel car ces privatisations n'ont pas été confirmées par le Ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, ni par Matingnon et également, car le lendemain, le Ministre du Redressement Productif a démenti l'information sur sa page Facebook.
Toujours d'après le quotidien économique de New York, ces cessions auraient permis de rétablir la croissance. Bizarrement, la Troïka a demandé à la Grèce de privatiser à tout va, ce qui n'a pas permis de baisser son déficit public. L'année dernière, Montebourg a été le seul ministre à soutenir la nationalisation de Mittal. Il a été désavoué par ses pairs. Aujourd'hui, il veut vendre les bijoux de famille, et là encore, personne n'est d'accord. Pauvre Arnaud ! Ferait-il son coming out libéral ? Déjà un tract national du PS affirme être la gauche qui agit, par opposition au Front de Gauche. Avec un tract comme ça, toute alliance avec le PS devrait être remise en question. Et la réponse doit être négative.
La Cour des Comptes a publié un rapport, le 9 avril, sur les faiblesses de l'action de l'Etat dans les entreprises dont il détient une participation au capital. Mis à part l'Humanité, aucun média n'en a pas parlé. Ils sont trop occupés à ronger les os que le Gouvernement leur jette. Où sont les journalistes d'investigation ? Quand un reporter se permet d'enquêter, ses confrères le traitent de menteurs. Mais bon, ce n'est pas le sujet. Ca le sera dans un prochain billet. Ce rapport demande, entre autres, que le nombre de voix au Conseil d'Administration de ces sociétés ne soit jamais inférieur à sa participation au capital. Ceci pour que la Nation puisse imposer sa volonté dans le management de l'entreprise. Si une administration fait ce diagnostic, c'est bien une preuve de la maladie de l'Etat. C'est le patronat qui dicte sa loi. Qu'une entreprise soit publique ou privée, ça doit être le Gouvernement qui décide. Pas les employeurs. Une manière d'imposer une loi : conditionner les subventions à des embauches, au respect de normes...
Dans l'article du Wall Street Journal, une société n'a pas été évoquée : Safran. L'équipementier aéronautique et spatial, mais aussi militaire, né de la fusion de SAGEM et de SNECMA, a vu 3,12% des 30,12% des parts encore détenues par l'Etat, vendues à des organismes financiers afin de financer la Banque Publique d'Investissement. Alors, là aussi, nous avons besoin d'un Etat fort. Il vend des parts d'une entreprise, mais il ne faut pas qu'elle soit nationalisée en cas de défaillance, comme Dominique Strauss-Khan l'a préconisé, à l'époque où il a été à Bercy, sous Jospin. Là aussi, deux seuls médias en ont parlé : l'Humanité et Mediapart.